Le Cathcart Restaurants et Biergarten vu par Sid Lee Architecture

Le Cathcart Restaurants et Biergarten vu par Sid Lee Architecture

Imaginé par Sid Lee Architecture et A5 Hospitality, et réalisé par le consortium Sid Lee Architecture | Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes, le Cathcart Restaurants et Biergarten a ouvert ses portes à la Place Ville Marie. Discussion entre Index-Design et Jean Pelland, architecte et associé principal à Sid Lee Architecture à l’occasion de l’inauguration.

 

ID / Est-ce que certains éléments du design permettent de mettre en valeur la riche histoire de la Place Ville Marie ? 

JP / En fait, notre réflexion s’est arrimée sur l’histoire du lieu. On a d’ailleurs consulté l’un des architectes d'origine, M. Henry N. Cobb. On ne voulait pas que le projet décontextualise cet espace d'héritage moderniste. Dans le choix des matériaux extérieurs par exemple, on a adopté une grande sobriété afin de coller le plus possible aux choix de l’époque ; un design dépouillés, composé de formes géométriques strictes aux tonalités neutres. Dans le choix des matériaux intérieurs, on s’est un peu plus éclaté, comme on était dans l’univers de la variété et de la diversité d’une foire alimentaire.

« Ce sont les codes de la ville qui ont été appliqués à l’intérieur pour créer un espace démocratique, été comme hiver. »

ID / Souhaitiez-vous offrir à cet espace un caractère distinctement montréalais ? 

JP / Oui, dans l’essence du lieu assurément. Nous nous sommes beaucoup inspirés de la façon de vivre montréalaise, plutôt que d’ajouter seulement des références directes. L’architecture de type industrielle a bien servi notre désir de reproduire l’esprit de la ville. Montréal, c’est une mosaïque : il y a quelque chose de déconstruit dans la ville. Les gens apprécient ce caractère particulier de Montréal qui n’est pas une ville “proprette”. Au Cathcart, on est projeté dans un environnement composé de plein de petites sous zones déconstruites, à l’image des petites échelles de quartiers de notre ville. C’est ce qu’on a voulu capter.

Le pavillon de verre, l’une des plus grandes structures du genre en Amérique du Nord, ajoute aussi une abondante lumière naturelle au Cathcart, tant le jour que la nuit.

ID / L’emplacement idéal du projet, dans un lieu emblématique, au cœur du centre-ville, a contribué à créer une identité montréalaise au projet ?

JP / On avait effectivement le contexte pour connecter l’espace à la ville. De l’intérieur du Cathcart, on voit la croix sur le Mont-Royal ! Ce lien symbolique est très fort, de la même manière que le rapport très privilégié de l’espace avec la Place Ville Marie. Les liens sont évidents, il ne restait plus qu’à les mettre en lumière.

ID / Et la connexion de l’espace avec son environnement, comment l’avez-vous pensé ? 

JP / La Place Ville Marie est le prolongement naturel de l’avenue McGill College. On souhait mettre l’emphase sur cette connexion qui n’existait plus pour différentes raisons ; à cause de réaménagements qui n’ont pas permis de la maintenir, de l’accès bloqué du stationnement, etc. Pour renverser la vapeur, on a souhaité continuer le mouvement débuté avec l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth et créer des connexions entre chacun des bâtiments à l’extérieur comme l’intérieur. L’idée était de décloisonner et de permettre aux gens de circuler librement. 

ID / Qu’est-ce que vous souhaitiez inspirer comme expérience aux visiteurs ?

JP / Il aurait été facile de fermer l’espace pour faire un lieu exclusif. On a plutôt décidé de faire l’inverse. L’espace est segmenté pour créer différentes zones plus ou moins intimes. Certaines zones servent principalement à circuler et nous nous soumettons aux mouvements des milliers de personnes passeront ici. L’espace central agit comme une place publique intérieure. Ce sont les codes de la ville qui ont été appliqués à l’intérieur pour créer un espace démocratique, été comme hiver. Ici, le jeu des saisons aura un impact important sur le projet.

Chaque espace individuel propose des éléments de design uniques

ID / Qu’est-ce que la multiplication des foires gastronomiques (Time Out Market, Le Central) vous indique sur la direction que prend l’aménagement de bars et restaurants à Montréal ?

JP / L’appétit est là pour des concepts similaires. Certaines foires alimentaires existaient déjà. Elles ont simplement été modifiées et rehaussées en qualité. Ce qui est intéressant, c’est si on arrive à réinventer la formule, la modifier et la personnaliser en fonction de lieux différents. Dans l’alimentation comme dans l’architecture, lorsqu’on cherche la qualité, c’est l’écosystème entier qui s’améliore. Il y a toujours de la place pour de meilleures propositions et c’est en élevant soi-même le niveau qu’on encourage les autres à faire de même.

Afin de reproduire des éléments de l’environnement extérieur, des matériaux urbains et des versions raffinées de bancs extérieurs ont été ajoutés, créant une oasis accueillante où les gens peuvent prendre un moment loin de l’agitation.

ID / Qu’est-ce que vous pensez de l’espace maintenant finalisé ? 

JP / Il invite à la fête ! On a eu la chance d'expérimenter l’espace déjà et rapidement les gens se mettent dans un esprit festif. On a le sentiment que les gens d’affaires de passage autant que les gens qui viendront fêter auront du plaisir, et ça, c’est pas mal. Si on n’arrive pas à générer un certain bonheur dans un projet, on peut bien réussir sur le plan de l’architecture et du design, mais ce ne sera pas suffisant. 

--

Pour en apprendre plus au sujet de l'aménagement en hôtellerie, ne manquez pas la journée conférences RDV Index-Design - Aménagement hôtels, restaurants et bars, le mardi 12 mai 2020. Les billets sont disponibles ici

Crédit photo : Sid Lee Architecture