Le Blossom : une esthétique entre tradition et futurisme

Le Blossom : une esthétique entre tradition et futurisme

Le designer Guillaume Ménard signe une fois de plus un projet d'aménagement éclaté qui ne risque pas de passer inaperçu : le resto-bar montréalais Le Blossom. Empreinte de sa marque créative assurément originale et rigoureuse, ce comptoir Imadake se tient loin des clichés souvent associés à la restauration japonaise. 

C'est au coeur du Village qu'a fleuri - au début du mois de décembre - la toute dernière réalisation de Guillaume Ménard. Son entreprise Atelier Mainor a le vent dans les voiles et prend peu à peu sa place dans le milieu du design à Montréal, grâce à plusieurs réalisations impressionnantes comme les intérieurs du bar Mme Lee, du restaurant Red Tiger ou du snack-bar hawaïen Kamehameha, ces deux dernières institutions étant, tout comme Le Blossom, les propriétés du restaurateur Dan Pham.

Avec ce nouveau projet de bar-comptoir Imadake, le restaurateur et ses associés, aussi chefs de l'établissement, Viet Truong et Nam Truong, souhaitaient proposer une carte raffinée dans un décor épuré que l'on voulait également convivial et rassembleur. Ils feront une fois de plus confiance à la créativité débordante d'Atelier Mainor.

« Je voulais que les gens puissent se voir en mangeant au bar. Donc, le tracé de celui-ci est en zigzag, ce qui permet un contact entre les gens. C'est ce qui a définit les grandes lignes du projet », explique Guillaume Ménard. 

Les Tabourets sont composés d'une tige en acier sortant du sol en Porte-à-faux. À la blague, Guillaume ménard avoue aimer simuler l’encrage du tabouret pour créer le doute sur la stabilité du banc.

Le designer a décidé de faire construire l'immense bar de 32 sièges, entourant les stations de travail dédiées au personnel, entièrement en atelier. Une pratique qu'il n'avait encore jamais tentée, mais qu'il utilisera à nouveau si l'occasion se présente. « Puisque mon bar était très long, je me suis demandé si on pouvait le fabriquer en atelier pour libérer le chantier et pour laisser les corps de métier travailler. Le travail en atelier fait que la qualité du produit est vraiment grande. L’expérience a été hyper concluante. »

Autre élément saisissant, mais aussi emblématique du Blossom, le grand cerisier trônant au centre de l'espace, faisant office de comptoir d'une douzaine de places assises. « On l’a fait fabriquer en Chine. J’ai dessiné son empreinte dans l’espace (diamètre, hauteur), et on est entré en contact avec une compagnie spécialisée qui a approuvé chacune des étapes de conception. Au début, on voulait mettre un vrai arbre, mais il aurait fallu installer un puits de lumière, ce qui augmente évidemment les coûts », explique Guillaume Ménard. 

Le cerisier, l'arbre emblématique du blossom, a pris deux mois à concevoir. 

S'inspirant des fameux pubs japonais tenant à la fois le rôle d'un restaurant et d'un bar, Le Blossom est aussi un établissement où la clientèle friande de cuisine asiatique pourra également venir déguster une vaste sélection de sakés. Au niveau du design, on voulait aussi garder certains éléments plus traditionnels, comme le prouve l'utilisation appuyée du bois. « C’est très présent au Japon où on retrouve, selon moi, les meilleurs ébénistes au monde. Pour le projet, j'ai utilisé de l’hêtre européen qui vient d’Allemagne. C'est un bois récupéré qui vient en assemblage. Je l’ai posé à la verticale pour dissimuler tous les joints », ajoute le designer. 

Outre ce côté plus classique, Guillaume Ménard a voulu donner au Blossom une certaine dimension moderne, qu'il qualifie de futuriste. « Je me questionnais à savoir à quoi ressemblait un bar à Tokyo, tout en me tenant loin des clichés japonais. Mon inspiration est aussi venue du designer de Blade Runner, Syd Mead. J'ai pensé à l’idée que les gens se faisaient du futur dans les années 80 et ça été mon inspiration clé. »

ambiance à la fois traditionnelle et  futuriste. Les deux marchent sont faites de terrazzo réalisé  en atelier.

Pour la salle de bain, le designer a misé sur une esthétique ludique en faisant appel à l'artiste Aless Mc. « Je lui ai demandé de dessiner des images japonaises amusantes, du style de la bande dessinée animée Akira. Elle avait le mandat d’habiller le gypse. J’ai fait appliquer un vernis par-dessus, et c'est ce qui a servi de toile de fond aux dessins. »

Aless Mc dessine sur les murs de la salle de bain.

Unanimement encensé depuis sa récente ouverture, le restaurant-bar Le Blossom représente une fois de plus un pari gagné pour le fondateur d'Atelier Mainor. « Je dirais que le défi qui revient à chaque projet est de savoir si tu vas être encore capable de frapper un coup de circuit. Est-ce que je vais pouvoir livrer quelque chose d’inspirant et qui va plaire au client ? Le plus gros défi est finalement d’arriver à être créatif et se réinventer. »

Pour découvrir l'inspiration derrière la création de l'identité visuelle du restaurant Le Blossom, réalisée par La Maison W Montréal, c'est ici.

Crédit photos : Atelier Mainor