Pulse: verrière de bois en banlieue de Paris

Pulse: verrière de bois en banlieue de Paris

«Il y a plus de dix ans, l’idée de concevoir un immeuble de cette hauteur en bois paraissait un peu farfelue», dit Olivier Fassio, architecte de BFV Architectes. Il était présent au Salon Solutions Bois 2020 pour présenter un immeuble en structure de bois de 30 000 m2. Coup d’oeil sur Pulse, édifice de bureaux à Saint-Denis.

L’immeuble de sept étages complété en 2019 utilise près de 6000 m3 de pin. La structure de l'ensemble est mixte, comprenant un noyau en béton, avec une structure de poteaux et poutres en bois. Des planchers sont également faits en bois et même issus de la récupération d’anciens immeubles. 

Les architectes ont voulu concevoir un bâtiment écologique, responsable et simple. Olivier Fasso explique d’abord que lorsque leur a été proposé le projet, il y a plus de dix ans, l’idée de concevoir un tel immeuble en bois semblait excentrique. «Malgré les réticences de l’époque, nous sommes arrivés à la conviction qu'il fallait absolument le faire en bois», affirme-t-il.

«En béton, cette structure pourrait presque ressembler à de l'architecture sous Mussolini. En bois, on dirait de l'architecture scandinave» -Olivier Fassio

L’édifice présente un vaste atrium de 30 mètres de haut, couvert d’une verrière et entouré de restaurants. C’est la pièce de résistance, toute en bois. L’objectif était de révéler avec un maximum de transparence le bois apparent et démontrer toute sa richesse, dans sa plus simple expression.

«Le dessin était très simple. C’est quelque chose qu’on ne se serait pas permis avec le béton, par exemple. En béton, cette structure pourrait presque ressembler à de l'architecture sous Mussolini. En bois, on dirait de l'architecture scandinave», s’exclame avec enthousiasme Olivier Fassio.

«Nous avons eu un très long questionnement concernant les façades. Le bâtiment est situé dans un secteur qu’on sait pollué. On ne voulait pas faire la façade en bois pour assurer sa durabilité dans ce contexte. Nous avons plutôt choisi des lames en aluminium anodisé. L’alternance de teintes claires et de teintes foncées fait vibrer la couleur et on dirait finalement que le bâtiment est recouvert de bois», explique Olivier Fassio.

Bois et bien-être

Le design biophilique, une approche inspirée de la nature pour améliorer la qualité de vie des usagers, présente le bois comme une matière propice au bien-être. La présence du bois dans Pulse se veut la garantie d’une ambiance chaude, calme et sereine.

Plus encore, Olivier Fassio aborde la vie sur le chantier qui a été améliorée. «J’ai été très surpris sur le chantier. Ça peut être un lieu très conflictuel, mais sur celui-là c'était un rêve! Des expériences ont été faites en Allemagne et au Japon sur le bien-être dans les bâtiments en bois, des salles de classe en bois, par exemple. On a démontré qu’après quelques minutes, on remarque une baisse de pression chez les occupants», dit-il.

«Le bois aujourd'hui, c’est pas de l'artisanat, c'est de la très, très haute technologie»,-Olivier Fassio

L’architecte observe qu’en France, plus d’argent va au travailleur, avec l’utilisation du bois comme matière première qu’avec l’acier ou le béton par exemple. «L’industrie du bois emploie une main-d'oeuvre plus qualifiée, dans de meilleures conditions de travail également», mentionne-t-il.

La qualité de vie pour les futurs travailleurs à l’intérieur des bureaux a aussi été étudiée.  Les espaces de travail en aires ouvertes s’organisent de part et d’autre de l’atrium. Le jeu des poteaux de bois anime leur relation avec l’extérieur. Il permet d’une part une grande transparence lorsqu’on se situe face à la fenêtre. D’autre part, placé en angle, on se retrouve dans une plus grande intimité, une intériorité, coupé d’une vue directe sur l’extérieur, mais dans un endroit tout aussi lumineux.

«Le bois aujourd'hui, c’est pas de l'artisanat, c'est de la très, très haute technologie», conclut Olivier Fassio.

Des terrasses et un potager urbain de près de 500 m2 coiffent le tout au dernier niveau. C’est le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 qui profitera de l’immeuble pour établir ses bureaux des prochaines années. 

Au Québec, le bois est également utilisé dans la structure de divers projets d'envergure comme, entre autres, le Théâtre Gilles-Vigneault par Atelier TAG et Jodoin Lamarre Pratte architectes, les écocondos Origine par Yvan Blouin Architecte, ou encore le Pavillon du Golf Exécutif Montréal par Architecture 49.

Crédits photos: Frédéric Delangle