Questions à la relève: Daphnee Van Lierde

Questions à la relève: Daphnee Van Lierde

Index-Design donne la parole aux architectes et designers de la relève: leur vision d'avenir, ce qui les inspire et ce qui les anime. Conversation avec Daphnee Van Lierde, Architecte associée, OAQ, OAA, PMP, chez Provencher_Roy.

Index-Design: Quel a été le projet le plus intéressant de ta firme durant la dernière année selon toi?

Daphnee Van Lierde

Architecte associée, Provencher_Roy

DVL: Probablement notre participation au concours pour le projet de l’Îlot 2 à Ottawa. Il a permis à Provencher_Roy de rayonner comme pratique à un niveau international. C’est en plus arrivé à un moment charnière pour la firme, car Claude Provencher (le cofondateur) prenait un peu de recul, il était donc moins présent. Cela montre que la relève de la firme est capable de prendre en charge ce genre de projet d’envergure. Malgré que nous n’ayons pas remporté le concours, nous nous sommes placés finaliste, ce qui est extrêmement encourageant pour la relève.

ID: Quelle personne te guide ou t’inspire dans ton métier?

DVL: Il est difficile d’en choisir une seule, il y en a beaucoup qui me guident et m’inspirent. Mais je dirais que les personnes qui m’inspirent le plus sont surtout des femmes que je côtoie au quotidien, des architectes plus âgées qui m’impressionnent. Malgré leur évolution dans monde de la construction profondément masculin, elles ont réussi à se positionner comme leader, à se mettre de l’avant et à asseoir leur crédibilité grâce à leur passion et leur amour pour leur travail mais aussi et surtout grâce à leur acharnement. Il est clair qu’elles ont dû sacrifier plusieurs choses en parallèle. Nous avons beaucoup d’exemples chez Provencher_Roy de femmes qui ont réussi à percer, je pense notamment à Anne Rouaud, Line Belhumeur ou encore Sonia Gagné. Travailler à leurs côtés me rend particulièrement fière.

ID: Quel a été le projet auquel tu as contribué durant la dernière année qui t’a rendu le plus fier et pour quelle raison?

DVL: Je dirais sans hésiter le projet de l’intégration du Réseau express métropolitain (REM). Je suis en charge de l’ensemble du dossier pour le bureau et donc nous travaillons à la fois sur les centres d’entretien ainsi que la Gare centrale de Montréal. C’est un projet d’envergure et de longue haleine qui structure le transport pour la ville. Je travaille sur ce projet depuis 6 ans, entourée d’ingénieurs; j’étais souvent la seule femme lors de nos rencontres.

Le plus intéressant est fort probablement la gare centrale car elle se situe dans un des lieux les plus achalandés de la ville. La gare centrale est un projet extrêmement complexe puisqu’il raccorde tous les espaces souterrains de Montréal, dans un bâtiment patrimonial, avec des enjeux techniques considérables et l’intégration de nouvelles technologies comme l’électrification. Malgré cela, nous avons réussi à livrer un projet à la hauteur des attentes et de nos valeurs et qui sera en opération bientôt.

QUAI DE LA GARE CENTRALE

Crédit Provencher_roy

ID: Quel a été le plus grand défi à relever en termes de design et d’aménagement de l’espace dans un récent projet et comment l’as-tu surpassé?

DVL: Comme je le mentionnais pour le projet de la Gare centrale, nous avons eu beaucoup de défis, comme l’intégration dans un bâtiment patrimonial. Mais probablement qu’en ce moment mon grand défi est avec le projet du Réseau de transport de Longueuil (RTL). Tous les grands transporteurs sont dorénavant tenus d’avoir des bus totalement électriques, plus seulement hybrides. Nous devons gérer l’implantation des autobus électriques. Le RTL a été encore plus innovant et a décidé de créer des pôles satellite pour recharger leurs autobus. Mais ce projet vient à l’encontre de leurs opérations actuelles, donc nous sommes pris dans un défi opérationnel de rallier les personnes d’exploitation et de terrain à la nouvelle vision du RTL, puisque nous changeons totalement leur processus. Nous passons alors beaucoup de temps en ateliers de groupe pour leur présenter des plans et des idées et écouter leurs commentaires et suggestions. Nous n’avons pas encore tout résolu mais nous nous approchons d’un consensus.

ID: As-tu récemment été touché par des expérimentations design au Canada ou ailleurs? 

DVL: Ce qui m’allume particulièrement ce sont les nouvelles technologies en transport, comme l’électrification des avions par exemple qui peuvent voler jusqu’à 2h.

ID: Pour toi une architecture responsable en quelques mots c’est…?

DVL: C’est une architecture qui est à l’écoute de son environnement et surtout des usagers et qui s’intègre dans le paysage en le bonifiant par son empreinte.

ID: Qu’est-ce qui nourrit tes projets? Une lecture, visionnement, un podcast, ou autre incontournable pour le designer ou l’architecte qui veut avoir un impact positif?

DVL: Dernièrement, un collègue m’a conseillé d’écouter un Ted Talk de Simon Sinek, Start With Why. Dorénavant, lorsque je dois prendre une décision, je me pose la question de « pourquoi » je fais ça, afin de mieux répondre à la demande du client et de revenir à l’essentiel de mes projets

ID: Raconte-toi au travail en images. Muni de ton cellulaire intelligent, fais-nous découvrir ce qui te fait vibrer!

1 - Lorsque je regarde par le hublot de l’avion et que je flotte entre les nuages et le bleu du ciel avec une vue sur les ailes. Cette photo a été prise lorsque je me rendais en Grèce pour aller chercher le prix du Chicago Museum Antheneum pour l’Assemblée nationale.

2 - L’eau - mais plus précisément le lac où se trouve mon chalet – c’est l’endroit où je me ressource mais également l’endroit ou je réfléchis le plus à mes projets avec un peu de recul.

3 - Les œuvres de JMW Turner – j’ai toujours été fasciné par la lumière (naturelle ou artificielle) et les peinture de Turner me font rêver. La représentation de la lumière est tout simplement fascinante dans chacune de ses œuvres.