Questions à la relève : Ariane Mainville

Questions à la relève : Ariane Mainville

Index-design donne la parole aux architectes et designers de la relève : leur vision d'avenir, ce qui les inspire et ce qui les anime. Conversation avec Ariane Mainville, designer d'intérieur et lead conception chez STGM.

PROJET DE CONSTRUCTION D’UNE ÉCOLE SECONDAIRE SUR LA RIVE-SUD DE MONTRÉAL

STGM

 

Index-Design: Quel a été le projet le plus intéressant de ta firme durant la dernière année selon toi?

Ariane Mainville: Un projet de construction d’une école secondaire sur la Rive-Sud de Montréal. Ce sera la première école du Québec à être imaginée et construite ainsi, c’est-à-dire en design build. Nous sommes encore au 75%, mais les choses vont très vite et c’est très stimulant pour toutes les équipes.

Nous sommes présentement dans une ère de défis post Lab-École de réforme de l’éducation et nous devons alors jouer dans des nouveaux carcans pour construire l’école de demain.

Ceci permet de mettre en place un langage qui, dans le domaine du design, à davantage à être réinventé que dans d’autres domaines. J’ai l’impression que les questions que l’on se pose sont maintenant essentiellement en design d’intérieur : comment peut-on s’assurer la réussite scolaire mais surtout le bien-être de l’élève dans le contexte actuel ?

Il est temps que les designers d’intérieur prennent la balle au bond et montrent ce qu’ils ont dans le ventre et, surtout, à quel point ils sont pertinents. 

projet de construction d’une école secondaire sur la Rive-Sud de Montréal

STGM

I-D: Quelle personne te guide ou t’inspire dans ton métier?

A.M: Les clients, sans conteste. Je préfère approcher les projets auxquels j’ai la chance de participer avec beaucoup d’humilité et d’empathie, puisque le client demeurera toujours au centre de notre travail et il mérite d’être écouté et respecté. 

Un exemple tout simple serait celui de la Résidence Y ; puisqu’ils sont de grands sportifs, les clients désiraient avoir une entrée qui menait à un mudroom. Ceci nous a inspiré à offrir un espace d’accueil disproportionné et d’une grande importance, spatialement parlant, que nous n’aurions pas imaginé au tout début du processus de création. Cette entrée est maintenant l’un des éléments clés du projet.

RÉSIDENCE Y

STGM

Résidence Y

STGM

I-D: Quel est le projet auquel tu as contribué durant la dernière année qui t’a rendu particulièrement fière?


A.M: Le Café Bulla, qui va ouvrir très prochainement. Il s’agit d’un vrai projet bonbon qui consistait à accompagner un jeune couple d’artistes argentins à venir s’établir à Montréal pour lancer un nouveau concept de petite galerie d’art/café au cœur du Plateau Mont-Royal.

Beau défi que nous connaissons tous : pas beaucoup de budget et un échéancier très serré. Leur histoire était trop entraînante pour ne pas vouloir profiter de ce tremplin conceptuel et tenter d’offrir à ce couple une signature unique à leur projet chéri.

 

Café Bulla

STGM

CAFÉ BULLA

STGM

I-D: Quel a été le plus grand défi à relever en termes de design et
d’aménagement de l’espace dans un récent projet et comment l’as-tu surpassé?

A.M: Nous avons récemment fait face au même défi à deux reprises, soit de remettre à neuf le comptoir d’accueil des Appartements Linton ainsi que celui de la tour abritant les bureaux de Monsieur le Premier Ministre. Dans les deux cas, on parle d’un comptoir existant avec beaucoup d’histoire et, surtout, localisé dans un espace iconique avec un langage fort. Par contre, ceux-ci avoir besoin d’un nouveau look et d’être repensés côté ergonomie. C’était très challengeant de mettre en recul mes préférences afin de respecter les goûts précis des clients, mais surtout l’essence même des bâtiments dans lesquels les comptoirs s’insèrent. Nous avons alors dû hiérarchiser les interventions en priorisant la pérennité du résultat final.

Appartements Linton

STGM

McGill

STGM

I-D: As-tu récemment été touché par des expérimentations design au Canada ou ailleurs? Lesquelles? 

A.M: La Casa da Musica par OMA, là où réside l'orchestre symphonique de Porto au Portugal. Lors de ma visite, quelque chose m’a frappé : l'hégémonie de la ligne directrice. En effet, dans des projets d'une telle envergure, l'adoption d'une ligne directrice dominante peut favoriser un éclectisme plus efficace pour répondre aux besoins contemporains, au programme et aux attentes des usagers.

Ce qui m'a particulièrement plu, c'est que chaque pièce à l'intérieur de la Casa semblait être un projet en soi mais, malgré leur diversité, elles partageaient des éléments communs et cohérents qui créaient une harmonie globale. Cela m'a fait réfléchir au fait que, de la même manière, des pièces à l'intérieur d'un bâtiment peuvent elle aussi être traitées comme des bâtiments distincts au sein d'une ville, tout en conservant une certaine cohérence.

Cette visite m’a confirmé qu’il faut normaliser les espaces différents au sein d’un même projet. Dès mon retour à Montréal, j’ai voulu appliquer ce principe sur le projet de l’école sur lequel nous travaillons.

La Casa da Musica par OMA, Portugal

STGM

LA CASA DA MUSICA PAR OMA, PORTUGAL

STGM

I-D: Pour toi une architecture responsable en quelques mots c’est…?

A.M: Le design responsable est le design pérenne et moralement indestructible pour des raisons culturelles et économiques. C’est l'utilisation de matériaux de qualité pour créer un design iconique, presque trop beau pour être détruit. L'obsession de l'intemporalité peut compromettre la durabilité. Si vous avez les ressources pour le faire, ne concevez pas timidement, mais plutôt avec audace et intention.

Bureaux de Cain Lamarre, à Québec

STGM

I-D: Qu’est-ce qui nourrit tes projets? 

A.M: Je me tourne souvent vers des formes d'art autonomes, des projets ou des commandes de moindre envergure qui peuvent être réalisés et exécutés, techniquement, plusrapidement, sans avoir moins d'impact pour autant. Au contraire, ces commandes plus petites me permettent de prendre le pouls sur l'évolution de notre culture esthétique. Que ce soit la création de prototypes de mobilier, un nouveau logo de restaurant, des nouveaux éléments visuels en mode ; j'essaie d’en intégrer les explorations à l'échelle du design intérieur.

Bien que je ne crois pas avoir de signature, mes interventions sont généralement caractérisées par des choix audacieux en termes de couleurs et de textures, évitant le minimalisme. J'ai une aversion pour le blanc et je m'épanouis en intégrant des éléments "quirky", inspirés du design graphique et industriel, qui confèrent une singularité aux projets de nos clients.

@pkulper

@gabbois

@folesdog

@edgararl

@sayhito_

I-D: Raconte-toi au travail en 4 images. Muni de ton cellulaire intelligent, fais-nous découvrir ce qui te fait vibrer!

1. Le mouvement favorise les moments "Eureka" et me permet de synthétiser mes idées accumulées pendant la journée. Parcourir la ville à pied, à vélo ou en courant est essentiel dans ma démarche de design. Les diversités architecturales, les rencontres variées, l'énergie des restaurants et le charme des petits commerces locaux nourrissent ma créativité. Ces promenades enrichissent ma perception esthétique et, je crois, influencent mes projets. Lorsque je voyage, je privilégie toujours la découverte à pied pour favoriser les rencontres inattendues et afin de m’imprégner pleinement du rythme de la ville visitée.

Le mouvement

STGM

2. Les lunch & learns, les 5 à 7 et la responsabilité de la matériauthèque.
 

En plus de nous garder à jour dans les nouveautés du domaine, ils renforcent nos liens avec nos pairs tout en nourrissant notre passion pour le design et l'architecture.

D’ailleurs, mention d’honneur aux représentants qui travaillent sans relâche pour organiser des événements rassembleurs. Leur dévouement à maintenir notre communauté professionnelle connectée et informée est essentiel à notre travail.

5 à 7

STGM

L&L

STGM

3. Contact direct avec les clients.

Dans notre métier, les rencontres physiques avec les clients sont d’une grandeimportance. Bien que la visioconférence ait facilité la communication durant la pandémie, elle a également altéré nos habitudes de travail. Les interactions en personne demeurent irremplaçables et nous permettent de capter des nuances subtiles. Ces échanges en présentiel renforcent notre relation de confiance avec les clients, préservent l'authenticité de notre métier, et nous rappellent que la véritable valeur de notre travail réside dans la connexion humaine.

Clients - Résidence Y

STGM

4. Mes collègues.

L’équipe STGM est très sportive, et nous ne manquons pas une occasion de faire des activités de groupe (ou des sorties mondaines) pour décompresser un peu. Ces moments informels encouragent une diversité de pensées et d’approches quienrichit par la bande notre environnement de travail. Tout est dans tout, comme on dit !

Équipe STGM