Lumière retrouvée dans le Vieux-Montréal

Lumière retrouvée dans le Vieux-Montréal

Dans le cœur historique du Vieux-Montréal, une maison de ville sur quatre niveaux fait l’objet d’une métamorphose discrète mais radicale. L’équipe de Desjardins Bherer a été sollicitée en amont pour évaluer le potentiel du lieu. Une démarche sensible, ancrée dans l’écoute et la collaboration, qui marque le point de départ du projet.

L’intervention la plus déterminante — et la plus libératrice — fut l’élimination de la cheminée centrale. Cette structure verticale, qui contenait le foyer et les conduits de ventilation des trois étages supérieurs, obstruait les perspectives et fragmentait les espaces. Son retrait a dégagé un axe visuel inédit, permettant à la lumière naturelle de traverser librement l’ensemble de la maison et révélant la pierre grise emblématique de l’architecture montréalaise.

Un puits technique discret a ensuite été intégré aux étages supérieurs afin de redistribuer les systèmes mécaniques sans encombrer l’espace. Cette stratégie d’invisibilité technique a permis d’épurer les volumes et de mettre l’accent sur les éléments architecturaux majeurs.

Au centre du projet s’élève un escalier sculptural, véritable colonne vertébrale de la maison. Conçu sur mesure, il marie une structure en métal patiné à des marches en chêne blanc, créant un équilibre entre solidité industrielle et chaleur organique.

Ce dialogue se prolonge à travers les finitions intérieures, où une palette de camaïeux bruns – souhaitée par le client – vient nuancer chaque surface, chaque détail.

Les percées verticales ont été soigneusement réalignées pour canaliser la lumière descendante du puits de lumière. Cette reconfiguration crée une circulation visuelle fluide entre les niveaux et renforce la sensation de verticalité maîtrisée. La cuisine et le walk-in principal, tous deux signés Poliform, incarnent un luxe sobre, fondé sur la précision des lignes et la qualité des matériaux.

À l’étage supérieur, un espace bar se prolonge vers une terrasse, offrant un moment de respiration entre intérieur domestique et panorama urbain. Dans la chambre principale, l’atmosphère feutrée évoque l’intimité d’un hôtel-boutique. La salle de bains attenante, enveloppée de tonalités sombres, propose un aménagement immersif où le bain intégré à la douche devient un îlot de calme.

Pour la salle d’eau, le lavabo monolithique, taillé sur mesure dans un marbre blanc aux veines brunes et vertes, agit comme une pièce sculpturale, affirmant la dimension matérielle du projet.

Certaines œuvres d’art, sélectionnées lors d’une précédente collaboration, trouvent ici une nouvelle mise en scène, comme des repères sensibles dans une maison repensée, mais fidèle à son histoire.

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Photos : © André Doyon