Le Projet Cycle Terre à Paris
En novembre dernier, lors de la 6e édition des Rendez-vous des écomatériaux, l’architecte Paul-Emmanuel Loiret présentait le projet Cycle Terre dont le but vise à faire des terres excavées non polluées les nouveaux matériaux de construction des chantiers de demain.
Utilisant une partie des déblais générés par la construction du Grand Paris Express, Cycle Terre offre une nouvelle vie à la matière terre, représentant environ 90 % des déchets urbains. Juste pour la construction du Grand Paris Express, 45 millions de tonnes de déblais auront été générées. Recyclant la terre des déblais en briques de terres crues, ce projet d’économie circulaire a également une vocation sociale en créant une fabrique à échelle humaine qui sera un moteur d’emplois dans la région.
Ces blocs de terre comprimée serviront ensuite à construire des bâtiments, comme ce premier édifice d'Ile de France utilisant des matériaux recyclés à partir des terres de déblais du Grand Paris.
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Groupe scolaire Thomas Pesquet, par Joly Loiret architectes. 2021. Photo: Schnepp Renou
Cycle Terre a participé à la conception de la nouvelle boutique Veja à Montmartre en fournissant les enduits réalisés par l'Atelier Romain Guillon.


La boutique Veja, dont une partie des murs a été réalisée avec les terres du Grand Paris grace à la collaboration de Cycle Terre et l'Atelier Romain Guillon. Photos: Antoine Huot et Romain Guillon.
Un écomatériau à valoriser
La terre crue a de nombreux avantages. Affichant un excellent bilan carbone, elle est connue pour être résistante et porteuse jusqu’à une certaine hauteur. Le matériau est compatible avec tous les climats, même pluvieux, tant que la conception prévoit une protection au sol et une bonne toiture. Si la terre crue n’a pas été stabilisée avec de la chaux ou du ciment, les murs peuvent se réparer facilement, et le matériau peut se recycler à l’infini. Elle est aussi un matériau sain et agréable à travailler.


Le Complexe scolaire de Riaz par Faz Architectes et Terrabloc. Photo: Paola Corsini
La terre crue au Québec
Francis Kéré, le dernier lauréat du Prix Pritzker, est une figure emblématique du renouveau mondial des architectures de terre, et avec lui l’image que la construction en terre crue est surtout une architecture de climat chaud. Au Québec, Ginette Dupuy fait démentir cet apriori.

Maison en blocs de terre comprimée de Ginette Dupuy. Photo: Lucie Pageot / Eco-Logis
Bau-biologiste, détentrice d’une maîtrise en architecture, professeur et experte du matériau terre, elle a construit le premier prototype de maison faite en partie de blocs de terre crue, façonnés un à un, à la presse manuelle. Cet habitat de type bioclimatique utilise l’énergie solaire du sud et la masse thermique du mur de terre côté nord pour en faire une maison agréable hiver comme été.
Ne tarissant pas d’éloges sur ce matériau, Gynette Dupuy se demande pourquoi au Québec, alors que nous devons creuser souvent très profondément pour aller chercher la partie du sol qui ne gèle pas, ne pas utiliser cette terre.

Maison en blocs de terre comprimée de Ginette Dupuy. Photo: S. Era
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Photo de couverture: Terra Center, lauréat du Terra Fibra award 2021. Architecture: One University One Village team. Photo: Ce Wang