Georgie Lubin : « MDMK c'est 11 designers d’intérieur noires. Oui, juste des femmes »

Georgie Lubin : « MDMK c'est 11 designers d’intérieur noires. Oui, juste des femmes »

Mon Design Ma Kay (MDMK) est une web-série qui présente différentes designers des communautés ethnoculturelles afin de mettre en lumière leur voix et leurs aspirations. Index-Design en discute avec la fondatrice, Georgie Lubin. 
 

ID/ Pouvez-vous nous en dire quelques mots sur MDMK ?

Longtemps, j’ai été une fan d’émissions de décoration/rénovation. Je m’abonnais afin de ne rien manquer. J’enregistrais chaque émission pour les écouter plus tard. Un jour, j’ai eu un déclic qui allait changer ma façon de voir ces émissions. Je voulais voir une personne noire à l’écran, mais je n’en voyais pas, même juste une courte seconde. J’ai donc abandonné l’espoir de voir des gens comme moi et je me suis désabonnée.

Je me suis alors promis de créer une émission qui allait nous mettre en valeur, nous, les communautés ethnoculturelles. C’est à l’été 2021 que j’ai finalement pris mon courage à deux mains pour rassembler un groupe de designers d’intérieur, d’entrepreneurs, d’artisans, d’artistes et une boîte de production, tous issus de la diversité culturelle.

Le choix du nom Mon design Ma Kay (MDMK) représente mon amour pour le design d’intérieur et un clin d’œil à mes origines haïtiennes avec le mot Kay (maison).

Nous avons débuté les tournages à l’automne 2021. La première saison sera présentée au mois de mars 2022. Idéalement, le mardi 8 mars, lors de la journée internationale des femmes. C’est tout aussi symbolique pour moi, car il me permet de célébrer ces 10 femmes designers d’intérieur noires qui forment l’équipe de MDMK.

ID/ Pourquoi avoir créé ce projet ?

J’ai créé MDMK car je savais qu’il n’y aurait personne d’aussi convaincant que moi pour présenter un tel projet. Je le portais dans mon cœur depuis si longtemps. Je voulais aussi montrer à mes trois filles que c’est en essayant et en s’entourant des autres qu’on arrive à réaliser nos rêves.

ID/ Qui seront les designers invités et comment s’est déroulée la sélection ?

Nous sommes 11 designers d’intérieur noires. Oui, juste des femmes ! Je dois avouer que  j’en suis fière, ce n’était pas mon plan au début. Je suis de la génération du bottin jaune. Alors, munie de papier et de crayon, je suis allée sur le site Facebook Black Business Atlas- Building Our Community. Un groupe qui se veut un safespace pour les personnes noires afin de partager des sujets ou encore promouvoir leur entreprise. Dans le moteur de recherche, j’ai noté tous les noms qui ressortaient et envoyé courriels et messages privés sur Instagram ou Messenger, puis j’ai attendu. Nerveuse, mais excitée, j’ai pris le temps d’expliquer ma vision aux 10 femmes qui ont répondu à l’appel. Plusieurs mois se sont passés depuis cette première rencontre Zoom et elles sont encore là à croire et à soutenir le projet.

Je dois dire que chacune est à un niveau différent dans leur carrière de designer d’intérieur. On a donc des finissantes, en passant par celles qui ont une carrière hybride, jusqu’à des seniors. Le but est de grandir ensemble, à travers MDMK. L’important c’est de s’entraider. Par exemple, lors de la 1re saison, une designer junior a été jumelée avec une finissante. Le résultat est tout simplement magnifique.

Elles sont : Flaydencia Jeanty (Flaydencia Jeanty Design), Karole Allard (SKÄ),  Loudesther Beauge (Loudestherdesign), Marie-Ange Diemu Muadi (MD-Design), Myrlène Amédée (MAAD_interior architecture), Rébecca Kernisan (L’Habitat Studio Design), Shaika Louis Letang (Shash L. Design), Valdyne Limage (Omni design par Limage), ÉIYO – Émilie Immongault Yenot Owanga (STORIC Design), Marie-Marthe Guillaume (Marie-M. Design), Georgie Lubin (LûDesign)

ID/ Selon vous, pourquoi les designers de communautés ethnoculturelles sont-ils autant sous-représentés ?

J’aimerais dire que j’ai la réponse, mais ce n’est pas le cas. Par contre, je peux partager mon expérience. Lorsqu’est venu le temps de choisir un métier, les choix qu’y m’étaient présentés n’impliquaient aucune carrière artiste. Je pouvais devenir avocate ou éducatrice, mais l’art n’était pas une option. Comment suivre ses passions s’il n’y a aucun modèle? Si les jeunes ne se sentent pas représentés à l’écran, ils ne se sentiront jamais concernés. Plus on se voit; plus on a des modèles positifs, plus on aura des jeunes qui voudront essayer et foncer.

ID/ Quels sont vos objectifs pour MDMK?

Je veux que les 10 designers soient vues et que leur talent et leur compagnie de design d’intérieur respective fleurissent. Je veux qu’elles soient des modèles pour les jeunes. Je veux que les artistes, artisans et entrepreneurs en rénovation noirs soient aussi choisis pour leur art et leur talent à titre égal qu’une personne blanche. Je veux que la websérie permette à tous de voir que le talent coule à flots dans les communautés ethnoculturelles. Enfin, je veux que les écrans soient remplis de ces personnes, de nous, de moi.

ID /Quand et où pourrons-nous voir Mon Design Ma Kay ? 

La 1re saison de Mon Design Ma Kay sera au mois de mars et visible sur notre chaîne YouTube.

Mon désir c’est de produire 2 saisons chaque année. Comme le projet est entièrement autofinancé, je continue de compter sur la grande générosité des gens afin de m’aider dans ma campagne GoFundMe pour que je puisse produire la prochaine saison.

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