L'aménagement de la nouvelle boutique montréalaise Aesop : une histoire de jazz

L'aménagement de la nouvelle boutique montréalaise Aesop : une histoire de jazz

L'architecte montréalais Alain Carle est une fois de plus derrière le splendide aménagement d'une boutique concept de la marque de soins pour le corps Aesop. Après avoir imaginé l'établissement du quartier Westmount à Montréal, et ceux des villes de Houston et de Seattle aux États-Unis, le créateur nous présente son dernier opus situé dans le sud-ouest de la métropole montréalaise. 

Alain carle, architecte

L'entreprise australienne Aesop a récemment ouvert deux nouvelles succursales à Montréal, à seulement quelques semaines d'intervalle. Alors que la boutique située dans le Vieux-Montréal a été réalisée par le département de conception interne de la marque spécialisée en soins de la peau, le mandat de conceptualisation de la succursale du quartier de la Petite-Bourgogne a été confié à l'architecte Alain Carle.

Déjà lui-même initié à la mission d'Aesop - l'entreprise confie l'aménagement de ses nombreuses boutiques à travers le monde aux créateurs locaux - il compte maintenant trois réalisations à son portfolio. Comme pour l'aménagement des succursales américaines et celle du quartier Westmount, Alain Carle savait que l'entreprise lui faisait entièrement confiance, et qu'il pourrait réaliser ses idées sans contrainte.

 

« Pour ce projet, comme pour les autres que j'ai réalisés, je me suis inspiré de l'histoire du lieu où se trouve la boutique. La Petite-Bourgogne, c'est un quartier qui est apparu avec la construction du canal de Lachine et avec l'industrie qui y était attachée. Dans ce temps, il y avait une certaine mixité sociale. Plusieurs musiciens de jazz avaient fui les États-Unis à l'époque de la prohibition pour venir s'établir à Montréal, dont bon nombre dans ce quartier ouvrier. Le projet est en quelques sortes une évocation de cette période-là», résume Alain Carle. 

L'aménagement intérieur de la boutique s'inspire de l'influence de la musique sur ce quartier auparavant connu comme le centre de la culture jazz à Montréal. Rappelant l'ambiance feutrée d'un club privé s'animant au rythme des notes d'Oscar Peterson ou des Sealey Brothers, la boutique se voulait à la fois élégante et chaleureuse, à l'image de ses endroits mythiques où l'on célébrait ce genre musical originaire du sud des États-Unis. 

Pour l'architecte, les matériaux nobles, les textures et les couleurs contribuent à créer le décor raffiné et intimiste de la boutique, où règne une ambiance paisible sur fond d'air de jazz. 

« Mon équipe et moi, on voulait refléter une espèce d'équivalence de sophistication, que l'on retrouve autant dans la machinerie que dans les instruments de musique. On a fait une sorte de déconstruction dans l'espace de ce qui compose ces instruments, avec la matière, les formes arrondies et les détails en laiton. L'espace était aussi très petit, c'est presque comme être dans une boîte, alors on a créé une sorte d'arrondissement avec le mobilier. En choisissant du vert forêt pour les murs et le mobilier, on voulait reproduire une ambiance de boîte de nuit, de cabaret », ajoute l'architecte. 

Présent dans chacune des boutiques Aesop, le grand lavabo permet aux clients de tester les produits de la marque et de recevoir des soins personnalisés de la part des conseillers sur place. Dans cet espace de la Petite-Bourgogne, Alain Carle a opté pour une élégante cuve en laiton recouverte de velours d'un vert profond. Les étagères en bois, où trônent symétriquement les bouteilles minimalistes de lotions et de savons, entourent le meuble emblématique. 

Que la commande soit la réalisation d'une boutique ou bien d'un restaurant, pour Alain Carle, la mission architecturale demeure aussi importante que s'il s'agissait d'un aménagement public. L'architecte trouve aussi intéressante l'idée qu'une entreprise internationale comme Aesop ait établi cette collaboration avec les créateurs locaux.

« Selon moi, il existe une certaine responsabilité que l'on a de donner du sens à ces lieux-là, presque comme si c'était un équipement public. L'idée est de construire dans ces espaces une histoire qui renvoie à quelque chose, et de se demander quelle est la porte d'entrée conceptuelle et quelle est le contexte culturel dans lequel la boutique va s'implanter », conclut Alain Carle. 

 

Crédit photos : Aesop