FICTIONS : huit designers canadiens exposent des pièces inédites

FICTIONS : huit designers canadiens exposent des pièces inédites

L'exposition immersive réunissant les œuvres inédites de huit designers canadiens, organisée sous le commissariat de Nicolas Bellavance-Lecompte et présentée par le Collectif des Créateurs Canadiens (CCC) est disponible en ligne jusqu'au 30 avril. Laurence Gélinas, directrice générale du CCC répond à nos questions.

FICTIONS est visible en ligne jusqu’au 30 avril via le site du CCC où les visiteurs sont invités à découvrir des œuvres inédites de designers canadiens triés sur le volet, qu’ils soient bien établis ou issus de la relève : Atelier Zébulon Perron, Claste Collection, David Umemoto, Lambert & Fils, Loïc Bard, Pascale Girardin, SSSVLL et Yannick Pouliot. Rencontre autour de ce projet avec Laurence Gélinas, directrice générale du Collectif des Créateurs Canadiens (CCC).

 

ID/ Pourquoi est-ce important de créer et diffuser des pièces destinées à des collectionneurs ?

LG/ C’est un espace pour explorer, on parle de design de collection, car ce sont pour la plupart des pièces uniques, qui ne seront pas reproduites ou bien en séries limitées. Cette pratique permet aux designers de sortir de leur cadre habituel. Par exemple, Lambert & fils a créé un écran qui joue avec la lumière, mais il n’y aucune lumière produite par la sculpture ou le studio SSSVLL a créé une série de pièces à partir de matrices. Dans notre pratique, en tant que designers, il est important de se garder une place pour l’exploration. Je crois fermement que des expositions comme Fictions, nous le permettent.

GAUCHE: MEUBLE PAR SSSVL, CENTRE: ARMOIRES PAR LOIC BARD, DROITE: MEUBLES PAR SSSVLL

 

ID/ FICTIONS est une exposition immersive virtuelle créée et diffusée de Montréal. Comment s’est déroulé le processus de curation en pleine pandémie avec un commissaire basé à Milan ?

LG/ En fait, le projet a débuté il y a deux ans, à ce moment le projet allait à Milan. Lorsque la pandémie a frappé et que tout a fermé, nous avons mis une pause au projet. Par la suite, après quelques mois, nous avons décidé de prendre l’avenue du virtuel en développant un projet hors du commun, car nous n’avions rien vu de très concluant à ce jour. De là est née l’expérience Fictions.  Évidemment, le commissaire n’est pas venu sur place, nous avons travaillé le concept de notre côté et nous l’avons consulté pour obtenir son avis.

 

ID/ FICTIONS est une lettre d’amour atypique à Montréal. Comment cela se traduit à travers l’exposition ? 

LG/ Lors de l’expérience web, il y a des insertions d’images surréalistes de l’environnement montréalais lors de la pandémie, ce sont de grands espaces vides, froids en extérieur qui entrent en contraste avec le lieu de l’exposition mystérieux à Montréal. C’est en quelque sorte un hymne au design nordique qui représente bien la montrealité.

 

ID/ Le lieu dans lequel se déroule la captation, un édifice industriel délabré, ajoute à l’effet post-apocalyptique de l’exposition. Pourquoi avoir choisi cet espace et non une galerie plus conventionnelle ?  

LG/ Nous avons visité plusieurs lieux dans la ville, mais la difficulté était énorme quant à la disponibilité en temps de Covid ainsi que l’accessibilité de ceux-ci. Bien souvent, il y avait un risque de se retrouver sans lieu à la dernière minute puisque les consignes sanitaires évoluaient de jour en jour. Nous connaissions cet espace dans lequel nous avons filmé, mais il fallait énormément d’imagination afin de se projeter dans cet espace qui était complètement rempli de déchets, de résidus de construction et partiellement inondé. Nous voulions créer un film de type sci-fi, un projet quelque part entre la réalisation cinématographique et l’expérience virtuelle. Ce sous-sol nous paraissait comme le meilleur endroit pour le faire. L’équipe de tournage était simplement réduite, c’est-à-dire Pierre-Alexandre Guay à la vidéo et Alex Lesage à la direction photo ainsi que moi qui aidait sur certains aspects. 

 

ID/ Même si le phénomène des expositions virtuelles est en expansion, cela consiste encore en une expérience nouvelle pour une majorité de visiteurs. Quelle est la meilleure façon de visionner FICTIONS ?

LG/ En plein écran, la musique dans le fond et se laisser bercer par les images. On devient vite hypnotisé par Fictions. Il est possible de changer d’une vue à l’autre et de se créer sa propre expérience. Aussi, il y a une évolution au courant de la journée. Par exemple, la lumière change, quelqu’un s’y promène et les images extérieures se succèdent. L’expérience d’un utilisateur à l’autre peut s’avérer complètement différente.

Gauche: chaises par Claste Collection, droite: objects décoratifs par David Umemoto

Gauche: objets d'art par Pascale Girardin, centre: chaise par Atelier Zébulon Perron, gauche: paravent par Lambert & Fils

Gauche: meuble par Yannick Pouliot, centre: chaise par Atelier Zébulon Perron, droite: objets d'art par Pascale Girardin

Certaines oeuvres sont disponibles à l'achat, temporairement, sur le site Adorno

Crédits photos: Alex Lesage