Au cœur d’un quartier résidentiel dense montréalais, cette résidence unifamiliale s’impose discrètement par son volume vertical, sa matérialité brute et sa relation sensible au jardin. Elle se distingue par son volume compact et rigoureux, presque entièrement réalisé en béton, utilisé autant pour la structure, les planchers, les plafonds que pour les finis intérieurs.
Cette transformation radicale d’un ancien duplex typique montréalais interroge l'espace domestique à travers une approche mono-matière assumée.— une typologie habituellement construite en bois. L’usage inusité du béton dans une maison montréalaise en fait un projet singulier.
Le geste architectural explore la tension entre l’archétype du refuge minéral et la légèreté d’un habitat ouvert sur son environnement. Le dialogue entre cette matérialité brute et la transparence de la façade vers le jardin révèle une architecture à la fois monolithique et poreuse.
L’ensemble s’organise autour de la superposition de plateaux libres et ouverts. Libérée de toute contrainte structurelle, la façade permet à la lumière naturelle de pénétrer profondément dans l’espace. Les ombres mouvantes des feuillages, captées au fil des heures sur la paroi minérale, apportent une poésie discrète et contemplative, conférant à la rudesse du béton une sensibilité inattendue.
Au rez-de-chaussée, la façade s’efface littéralement grâce à une énorme porte coulissante, fusionnant l’espace de vie avec le jardin. Le bassin d’eau agit comme un miroir aquatique qui amplifie la lumière. Cette présence liquide équilibre la densité du bâti, apportant fraîcheur et légèreté.
Textures, finis et masse du béton
Les surfaces se distinguent par une variété de textures et de finis en béton. Les planchers, de type terrazzo poli, révèlent les agrégats sélectionnés dans le mélange, exposés par scarification. Les murs en béton apparent affichent le capitonnage des ancrages de coffrage, affirmant le caractère constructif du projet. Les surfaces de travail de la cuisine, y compris le long îlot de 14 pieds aux coins arrondis, sont également réalisées en béton.
Le béton, matériau de masse à l'image maisons monomatières en pierre, favorise l’inertie thermique, le chauffage passif et l’accumulation de chaleur. En complément d’un système de plancher radiant, il agit comme une batterie thermique. Sa capacité portante libère les façades de tout contreventement, permettant une fenestration généreuse et adaptée aux orientations solaires.
Résolument contemporaine, la Résidence BEAU propose une architecture sensible de contrastes, où le poids du béton s’allège au contact du vivant. À travers un usage radical de la matière et une relation intime au végétal, elle propose une nouvelle manière d’habiter la ville — entre masse et transparence, permanence et flexibilité, rigueur et douceur. Un geste simple mais puissant.
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Crédit photos: Maxime Brouillet
