Site d'évasion insulaire par Bourgeois / Lechasseur architectes

Site d'évasion insulaire par Bourgeois / Lechasseur architectes

Au cœur de Cap-aux-Meules, aux Îles de la Madeleine, Bourgeois / Lechasseur architectes s'est appliqué à faire des ruines d’une usine de transformation de poissons une place publique qui rend hommage aux travailleurs de la mer, et invite à l'évasion.

La Place des gens de mer, située au port principal du village de Cap-aux-Meules, tout près d'où les bateaux accostent, vise à combler un vide. Abritant une immense dalle de béton, seul vestige d'une usine de transformation de poissons ravagée par les flammes il y quelques années, l'endroit avait grandement besoin d'une deuxième vie. « Il y avait, depuis ce temps-là, un trou en plein cœur du village », illustre Olivier Bourgeois, architecte et associé de la firme derrière le projet. Mandaté par la municipalité de créer une place publique à cet endroit stratégique du village, Olivier Bourgeois explique que la nouvelle Place des gens de mer, installée sur les fondations de l’ancienne usine, contribue désormais à l'activité commerciale et touristique de Cap-aux-Meules. 

En plus de servir de lieu de rassemblement pour les passants, la place accueille aussi une petite scène à l'allure informelle, un bâtiment de service utile pour le tourisme estival, une grande rampe inspirée des « slips » où l'on mettait autrefois les bateaux à la mer, et un marché public avec comptoirs, tables et bancs de cèdre. La disposition des éléments rappelle d'ailleurs la chaîne de transformation de l’usine et ses longues tables de tri. « L’idée était d’offrir un endroit unique, avec un rappel à l'histoire et à la beauté naturelle qui l’entoure, indique Olivier Bourgeois. C’est quelque chose qui manquait aux Îles, une place où les gens peuvent se retrouver et déborder, surtout à cet endroit-là. » 

« L’idée était d’offrir un endroit unique, avec un rappel à l'histoire et à la beauté naturelle qui l’entoure. »

Pour permettre à la Place des gens de mer de tenir son rôle encore longtemps, le choix des matériaux a été primordial. Ainsi, alors que la structure est plutôt faite de bois traité, Olivier Bourgeois précise qu'une bonne partie du recouvrement est en cèdre : « C'est un bois qui vieillit assez bien et qui résiste au milieu salin. Aux Îles, on a toujours ce souci d’avoir des matériaux qui ont une bonne durée de vie, puisqu'on est toujours un peu attaqués par le temps. L’air salin vient constamment piquer les matériaux... »

Mais au-delà de la météo, un autre aspect technique a lui aussi représenté un défi : l'environnement immédiat. « On était coincé entre deux rues et adossé à deux stationnements, détaille Olivier Bourgeois. Malgré le fait que c’était un site stratégique au cœur des Îles, avec sa circulation automobile, l’environnement immédiat n'était ni intéressant ni inspirant. » Pour contourner ce problème, Bourgeois / Lechasseur architectes a donc conçu une place publique qui se retourne sur elle-même, lui procurant un look « introverti » qui favorise la rêverie. « Les grandes clôtures qui ceinturent le site sont un peu là pour ça justement, pour refermer le tout, révèle Olivier Bourgeois. C’est une place dédiée aux travailleurs de la mer, et je pense que lorsqu'on est au cœur de la place, le fait qu'elle soit refermée sur elle-même porte à la réflexion et à l’évasion de l’esprit ; ça nous emmène ailleurs. » 

Photo d'ouverture : la Place des gens de mer. Crédit photo : © Adrien Williams.